Financer sa formation selon son objectif

La multiplication des problèmes économiques, des plans sociaux et des fermetures d’entreprises, vous contraint à réenvisager sérieusement l’exercice de votre métier. Selon la situation à laquelle vous êtes confronté, plusieurs cas de figure se présentent : conserver à tout prix votre emploi, en le sécurisant au maximum ; hausser votre niveau de compétence, en acquérant de nouveaux savoirs ; où faire le deuil d’une expérience passée, en changeant radicalement d’orientation. Plus facile à dire qu’à faire ! Où trouver les fonds pour financer des formations devenues indispensables ? Nous allons tout vous expliquer.

Pour vous y retrouver, prenez appui sur la loi dite « avenir professionnel » du 5 septembre 2018 qui rend plus accessible l’apprentissage et la formation. Vous pourrez ainsi bénéficier d’aides – cumulables pour certaines – qui allègeront la note de votre formation, voire l’annuleront. Quand on sait que le budget pour se former varie, selon la durée, de 1000 à 10 000 euros… un «coup de pouce » n’est pas négligeable ! Un conseil : fixez précisément votre objectif et référez-vous à l’outil correspondant

  1.  Je désire évoluer dans mon entreprise : 

Le législateur a conçu pour vous un dispositif de reconversion, baptisé aussi « Pro-A » qui permet à l’employeur de financer la formation de ses collaborateurs.

Quel objectif visé ? Accéder à une fonction mieux valorisée ou se réorienter vers un autre métier, au sein de l’entreprise. 

Quelle durée ? Entre six et douze mois.

Pour qui ? Les salariés en CDI ou en CUI (contrat unique d’insertion), sous réserve que le niveau de qualification soit inférieur à la licence.

Dans quelles conditions ? Le parcours combine des enseignements théoriques (à distance ou en centre) et la mise en pratique dans l’entreprise.

Quelle reconnaissance ? Délivrance d’un diplôme, d’une certification professionnelle ou d’une qualification reconnue par les branches d’activité.

Comment faire ? Adressez votre demande directement à l’employeur. Une fois obtenu, l’accord est matérialisé par un avenant au contrat de travail précisant l’objet et la durée de la Pro-A. Votre employeur va mettre en place le parcours, en recourant à un organisme de formation et à un tuteur interne chargé de vous suivre, jusqu’à la prise de poste. 

Quel financement ? Quel coût ? Rien à prendre en charge pour vous – ni pour votre employeur directement. C’est l’OPCO (ex-OPCA) auquel cotise votre entreprise qui finance la formation : frais pédagogiques, hébergement, transport et les frais annexes. 

  2.  Je veux changer d’activité : 

Un outil vous est dédié. En vigueur depuis janvier 2019, le projet de transition professionnelle (ou PTP) remplace l’ancien CIF (congé individuel de formation).

Quel objectif visé ? Evoluer vers un autre emploi ou métier.

Quelle durée ? Durée minimale de 30 heures. Sauf accord sur une durée plus longue, l’absence ne peut être supérieure à un an pour une formation à temps plein ou à 1200 heures pour une formation à temps partiel.  

Pour qui ? Les salariés en CDI, ayant au moins 24 mois d’activité (dont 12 mois dans l’entreprise actuelle). Les salariés en CDD peuvent y prétendre, s’ils justifient d’au moins 24 mois d’activité au cours des cinq dernières années. A noter : pas d’ancienneté requise pour les personnes en situation de handicap.

Dans quelles conditions ? L’autorisation de votre employeur est nécessaire. Cependant, il ne peut pas s’opposer à la mise en œuvre de votre PTP, seulement le reporter de neuf mois au maximum – sur motivation. 

Quelle reconnaissance ? Les formations certifiantes, éligibles au Compte Personnel de Formation (CPF)

Comment faire ? Tout dépend de la durée. Si la formation dure moins de 6 mois, vous devez adresser une demande écrite à l’entreprise, au plus tard 60 jours avant le début des cours. Si la formation dure plus de 6 mois, vous devez adresser une demande écrite à l’entreprise, au plus tard 120 jours avant le début des cours.

L’employeur est tenu de vous répondre dans les 30 jours. Faute de retour dans les délais impartis, l’autorisation est acquise de plein droit.

Vous devez ensuite mettre au point – avec l’organisme de formation – un plan détaillé de votre projet. Notre conseil : focalisez-vous sur les compétences manquantes, afin de proposer un parcours personnalisé. Analyser les besoins du marché local et identifiez les métiers « en tension ».

Dernière et ultime étape : votre dossier va être examiné avec soin par la Commission Paritaire Interprofessionnelle de votre région (CPIR). Attention ! il s’agit d’une vraie sélection et les demandes qui ne « tiennent pas la route » sont refusées.

Quel financement ? Quel coût ? Pas un centime à débourser pour vous ! L’agence régionale (ATPro) va cofinancer le projet si votre CPF ne suffit pas. Les agences prendront également en charge votre rémunération (à 90 % si votre salaire est supérieur à deux Smic).

  3.  Je souhaite me former à la demande :

Rien de plus simple ! Utilisez votre Compte Personnel de Formation (CPF). Il vous donne carte blanche pour choisir votre formation. Pour y accéder : inscrivez-vous sur la plateforme Moncompteformation.gouv.fr ou l’appli correspondante. 

Quel objectif visé ? Acquérir une certification professionnelle qui réponde aux besoins du marché de l’emploi. Le CPF référence plus de 40 000 propositions professionnalisantes, sur la plateforme.

Quelle durée ? De quelques jours à plusieurs mois (moins de 6 mois ou plus de 6 mois).

Pour qui ? Tous les actifs sans distinction, que vous soyez salarié ou indépendant (profession libérale, travailleur non salarié ou demandeur d’emploi).

Dans quelles conditions ? Votre CPF est crédité en euros. L’employeur verse 500 € à la fin de l’année travaillée à plein temps, dans un plafond de 5000 €.

A noter : pour les salariés peu qualifiés (n’ayant pas le niveau CAP ou BEP), le montant est majoré à 800 €, plafonné à 8000 €. 

Comment faire ? Si vous souhaitez vous former pendant votre temps de travail, vous devez vous adresser à votre employeur et lui demander son autorisation, dans les délais impartis :

60 jours calendaires, avant le début de la formation (si la durée est inférieure à 6 mois)

120 jours calendaires, avant le début de la formation (si la durée est supérieure à 6 mois)

Votre employeur dispose de 30 jours calendaires pour vous notifier sa réponse. L’absence de réponse dans ce délai vaut acceptation de votre demande de formation. 

Si vous souhaitez vous former en dehors du temps de travail, vous n’avez pas à demander l’accord de votre employeur. Vous pouvez mobiliser vos droits à la formation, en toute liberté

Quelle reconnaissance ? Les formations certifiantes, éligibles au Compte Personnel de Formation (CPF)

Quel financement ? Quel coût ? Votre employeur peut vous accorder des jours pour suivre une formation, s’il estime qu’elle correspond aux besoins de l’entreprise. On peut considérer ce financement comme indirect, puisque votre rémunération est maintenue. 

Si un accord interne le prévoit, votre employeur peut contribuer financièrement à votre formation, dans le cas où le montant de votre CPF est insuffisant. Bien entendu, votre projet doit répondre aux objectifs stratégiques de votre entreprise.

Dans le cas contraire, il vous faudra recourir à vos fonds propres ou solliciter l’aide de la Région. Pour les demandeurs d’emplois, vous pouvez demander l’aide individualisée à la formation, gérée par Pôle Emploi.

  4.  J’ai besoin de développer mes compétences : 

Le Plan de Développement des Compétences est un dispositif non obligatoire, à l’initiative de l’employeur. Toutes les entreprises – quelle que soit leur taille – peuvent y prétendre. 

Quel objectif visé ? Substitut du traditionnel Plan de Formation qu’il remplace depuis le 1er janvier 2019, cet outil recense les actions prévues pour accompagner les salariés dans l’adaptation à leur poste de travail et le maintien de l’emploi.

Pour qui ? Pour tous les salariés dans les entreprises qui ont mis en place ce Plan.

Dans quelles conditions ? La formation se déroule pendant le temps de travail – sauf exception. Vous faites votre choix dans le catalogue des formations établi par votre entreprise.

Comment faire ? Votre demande est formulée par écrit ou oralement auprès du manager ou du RH. Notre conseil : profitez de l’entretien professionnel – obligatoire tous les deux ans – pour demander une formation en cohérence avec votre souhait d’évolution.

Selon vos objectifs, vous pouvez aussi tenter de demander une formation qui n’est pas forcément liée au poste occupé : cours de langue, bilan de compétences ou validation des acquis de l’expérience (VAE)

Un consensus est à trouver avec votre employeur qui reste libre d’accepter ou de refuser.

Quel financement ? Quel coût ? La rémunération est maintenue et le coût de la formation est pris en charge à 100 %.

A noter : si l’entreprise compte au moins 50 salariés, elle prend à son compte le financement. En dessous de ce seuil, c’est l’organisme collecteur lié à la branche professionnelle qui assume le coût.

  5.  Je recherche un emploi : 

L’aide individuelle à la formation vous concerne. Ce dispositif baptisé AIF est géré par Pôle Emploi.

Quel objectif visé ? Faciliter le retour à l’emploi ou soutenir la création d’entreprise.

Pour qui ? L’aide est réservée aux demandeurs d’emploi. A noter : si vous êtes en contrat de sécurisation professionnelle (CSP), vous pouvez également y prétendre.

Comment faire ? Vous devez remplir le dossier de demande d’AIF, au minimum quinze jours avant le début de la formation. Notre conseil : au préalable, mettez votre conseiller Pôle Emploi dans « la boucle ». L’accord dépend de lui…

Quel financement ? Quel coût ? Lorsque le montant du CPF est insuffisant, l’AIF peut intervenir en complément. Versée à l’organisme de formation, elle complète le coût restant. Si vous bénéficiez de l’ARE (Allocation de Retour à l’Emploi), celle-ci sera maintenue durant votre formation.

Pour compléter cette présentation et être parfaitement exhaustif, il faut citer également la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POE-I). C’est une formation longue (400 heures au maximum) dont la finalité est de permettre à un demandeur d’emploi ou un salarié en contrat d’insertion de s’adapter à une prise de poste. Elle est à l’initiative des entreprises qui rencontrent des difficultés de recrutement (vente, numérique…) et recherchent des profils particuliers. Le bénéficiaire n’a rien à débourser : le dispositif est cofinancé par l’employeur, Pôle Emploi et l’organisme collecteur (OPCO).

C’est l’entreprise concernée qui sélectionne – via Pôle Emploi – la personne à former. La formation achevée, l’employeur s’engage à embaucher le bénéficiaire, en CDI ou CDD de 12 mois minimum.

Du sur-mesure pour l’entreprise !